Il a quitté le Mont vers 15 ans, et c'est à peu près à cet âge qu'il est arrivé à San Francisco. Il parle très bien l'anglais, mais avec un accent hébreu très fort. Il reste quand même compréhensible et on ne peut pas lui nier son sens de l'éloquence et son art de parler. Le timbre de la voix, le ton, la force, les silences, les pauses, sont des éléments qui peuvent faire toute la différence. C'est par sa voix qu'il séduit, quoique tu fasses quand tu parles, tu tentes toujours de séduire.  (1) ◊ Il a trois chiens, des gros, des dobermans. Il les a très bien dressés, ils lui répondent au doigt et à l'oeil, sont sages quand Abraham le leur ordonne, ne bouge pas quand il s'en va et surtout ; ils le défendent à merveille. Pour un affranchi comme lui, c'est important. En général, le lambda détale dès qu'il voit le reflet d'une dent, mais quand Abraham tombe sur des types « comme lui », la violence et la sauvagerie de ses chiens sont la bienvenue. Un doberman, ça mord toutes les parties du corps possible, alors qu'un autre chien attraperait une jambe ou un bras et ne le lâcherait pas tant qu'on ne le lui a pas obligé, par le maître ou par l'agressé. Un doberman en fin de compte, ça n'a pas beaucoup de suite dans les idées. (2) ◊ C'est un Samaritain, mais il est loin d'être bon. Les Samaritains sont, vulgairement, des juifs (ils sont en tout cas considérés comme tels par l'Etat Juif - Israël - mais pas par les ultra-orthodoxes - les « extrêmistes », ceux qui consacrent leur vie entière à l'étude des Écrits, ceux qu'on voit avec les bouclettes aux temps, tout en noir et avec un chapeau, comme dans Rabi Jacob... des « super-juif » si vous voulez, la jet-set). Ce qui les différencient des juifs « communs », c'est leur refus de considérer Jérusalem comme la ville sainte. Pour eux, c'est une ville comme les autres. Ils jouissent d'une très bonne  - voire excellente - réputation dans le monde, malgré leur froid avec les « autres » juifs - du fait de leurs interprétations différentes de la Torah - ils en détiennent d'ailleurs la plus vieille du monde. C'est l'une des plus ancienne et des plus petite communautés au monde, on en a recensé 712 en 2007. Pour préserver la pureté de leur sang, les mariages se font entre cousins, et ils ont donc quelques problèmes de consanguinité - ils frôlent les 12% d'handicapés (c'est aussi pour ça qu'on trouve qu'ils ont des têtes « étranges », on les appelle les « oreilles pointus ». On pense que c'est de là que vient l'instabilité d'Abraham. Mais ce n'est peut-être qu'une élucubration de la crainte d'une mère. (3) ◊ Il conduit toujours beaucoup trop vite. Il gagne des courses sur le périphérique quand il n'est pas sur un gros coup, ça consiste à éteindre les phares, en pleine nuit, et conduire comme un malade jusqu'à arriver au point d'arrivée, si possible encore en vie. Une course comme une autre jusqu'ici, mais c'est là que les choses se corsent : plus les conditions sont dangereuses, plus l'argent à gagner (qu'on obtient grâce aux paris) est gros. Par exemple une météo défavorable, un trafic perturbé, une voiture dévalorisée etc. C'est à la survie malgré ses conditions qu'une grosse partie de la délibération se fait. (4) ◊ S'il parle très bien, il lit en tout cas très mal. Il s'interrompt, prononce mal, il lit avec le doigt sous les mots et lentement, comme un enfant. Il n'a jamais réussi à se faire à l'alphabet romain. A l'école, il n'était pas très bon. Il n'avait pas d'amis. Il ne se faisait pas taper, pas spécialement... il n'existait pas. C'était un rêveur, un rêveur qu'on aurait pas destiné à une telle vocation. (5) ◊ Il a un sens de la loyauté particulier : s'il est d'une fidélité peu commune pour les affranchis, et plus encore envers ses inférieurs ; il n'a aucun scrupule à tromper son actuel(le) compagnon/compagne. Il aime le jeu de la séduction (6) ◊  Il est effectivement en couple. Un homme marié, pas plus fiable que lui, alcoolique. Il a un visage enlaidit par l'alcool, tout y est rouge, surtout le nez et les yeux ; il a la langue pâteuse, et la démarche incertaine. Autrefois, on se dit qu'il a dû être beau. Il est violent et ce doit être ce qui plait à Abraham. Il ne s'est jamais défini comme juste "homosexuel", au contraire. Il aime la femme et ses relations avec ont déjà été aussi fortes, fabuleuses et tendres que celles qu'il a pu trouvé avec les hommes. Tout comme il n'a jamais été d'abord gay puis bi, ou d'abord hétéro puis bi : pour lui c'était une évidence qu'il aimait les deux, il aime son prochain et coucherait avec parce que c'est comme ça qu'il aime. Pour lui l'individu n'a pas de sexe, la pensée non plus ; et c'est ce qui le fait tomber amoureux. S'il est un être très charnel, pour lui une peau et une peau, des lèvres des lèvres. Il se dirigera juste vers un sexe plutôt qu'un autre en fonction de ce qu'il cherche en ce moment, ce dont il a besoin : vers un homme s'il cherche l'amour sans chichi et les coups de butoir sans serment ; vers une femme s'il veut plus de douceur et de tendresse. (7) ◊ Comme ça fait plus de trois ans qu'il est parti d'Israël, ses papiers ne sont plus valables et il n'est plus considéré comme israëlien aux yeux de l'Etat. Néanmoins comme il est tout à fait capable de prouver qu'il est juif, s'il fait son aliyah (départ des juifs d'un pays pour l'Israël, le « retour/arrivée au Pays ») il retrouvera cette identité sans problèmes.  (8) ◊ Il a une tête de cerf tatouée sur le torse. Sur l'une des branches des bois de droite, il y a un oiseau posé qui regarde ses frères s'envoler vers la clavicule, le cou, et l'épaule.  Ils sont bleus, rouges, verts, jaunes... ils sont de toutes les couleurs et à mesure qu'ils progressent vers les coudes, ils deviennent plus gros et beaux encore, on en distingue même un qui devient un cygne, et un autre un paon. Des chatons essaient de les attraper dans leur vol, il y en a même un qui réussit. Parmi eux, certains se transforment aussi, et deviennent des lions sanguinaires. Des étoiles les illuminent et quelques écrits guident leurs instinct. Dans le dos, on retrouve les bois du cerf, mais c'est comme si on lui avait effacé le visage. (9) ◊ Il a appris à jouer du piano grâce à des vidéos sur internet. Il regardait où le pianiste posait les doigts et il faisait pareil. Il ne sait jouer que du Satie, rien d'autre. Il a un grand piano chez lui, il doit bien prendre les trois-quarts de l'espace. Il est étiré, tout en longueur, il est clairement très beau. Un piano pour les grands. Abraham réussit à vivre dans le luxe avec toutes ses activités. Son appartement est grand, éclairé. Tout un mur ne porte même que des fenêtres. Il n'y a pas de télé, des toiles de partout, inachevées - c'est qu'il se prend pour un artiste, Abraham -, des livres de partout qu'il ne saura peut-être jamais lire - c'est un bazar permanent. Il traîne à chaque angle les vestiges de vies qu'il n'a jamais poursuivies. Il entame sans jamais terminer. Il est un peu perdu Abraham : il court dans tous les sens, il dit poursuivre une lumière qui change toujours, une étoile qui apparaît, disparaît... dans tous les sens, comme un chien fou. (10)

---

L'AVIS DE TON PERSONNAGE SUR L'ORGANISME TRUE ROMANCE ? : Abraham il n'y croit pas trop, ça lui est complètement aberrant même. True romance c'est une histoire qui le dépasse. Bien sûr que l'homme, ou la femme de notre vie est une personne qu'on a rencontré un peu par hasard, et c'est ce qui fait le charme de ces rencontres. L'amour ça ne s'apprend pas, on ne prend pas de cours pour aimer. Ca dénature tout simplement les sentiments, ça nous cloisonne : on n'aime pas d'une seule et même façon, sinon on n'aimerait pas. Ca ne l'étonnerait pas d'apprendre que les couples issus de True Romance soient plus malheureux que ceux qui se sont formés tout seul. Abraham de toute façon, il n'a jamais eu besoin de quoique ce soit que de lui-même pour se trouver quelqu'un.