Rappelez-vous que le riche d’aujourd’hui et peut-être le riche de demain. Que celui à qui tout réussit sera peut-être un jour le plus malheureux des Hommes. Nous avions tout, tout pour être heureux, l’argent, l’amour et la santé. Je suis l’aînée de la descendance Lange, la première fille et la seule fille de la fratrie d’ailleurs, bien que je n’ai qu’un frère après moi. Un frère qui aurait dût avoir un double, mort-né. Mais depuis le jour de la naissance d’Adam, ma famille n’a jamais reparlé de cet évènement. Je suis née à Paris, je connais chaque recoin de cette ville comme ma poche, le stress des bouchons, le métro parisien et les gens parfois désagréable. Et malgré tous les défauts que l’on donne à cette ville moi je l’aime. Elle m’a vu grandir, rire, pleurer, et je ne pensais jamais, ô grand jamais devoir la quitter un jour, elle et sa belle langue de Molière. Et pourtant ce qu’il pouvait arriver de pire à ma famille arriva. C’était un soir comme les autres et pourtant c’était le soir qui allait littéralement bousculer et changer ma vie à jamais. Mon frère et ma mère était en bas alors que j’étais dans ma chambre en train d’écouter tranquillement de la musique. Il ne manquait que l’homme de la maison à l’appel pour commencer à manger et pourtant, il n’arriva jamais. Ce soir-là, je n'entendis que des cris, des larmes, je ne ressentais que la souffrance et le désespoir.

Assassinat quelqu’un avait ôté la vie à un des êtres que j’ai de plus cher au monde, il paraît qu’en grandissant les petites filles deviennent toujours plus proche de leur père, c’était le cas pour moi en tout cas et forcément, quand votre modèle de conduite s’évapore c’est un monde entier qui s’écroule sur vous. Depuis ce jour, j’ai développé une paranoïa intense, j’ai l’impression que l’on m’espionne ou que l’on me suit dans la rue et pourtant notre avocat nous a transféré ailleurs, loin de ma belle France, et pourtant, j’ai peur. Même si Paris me manquait, et même si Paris était ma ville. La ville de l’amour, elle, ne m’avait jamais vraiment ouvert ses bras. Ma vie sentimentale était un espèce de désert qui s’étendait à des millions de milliards de kilomètres, je vous laisse imaginer le truc. Et puis quand je trouvais une oasis dans mon désert croyez-moi que j’aurais mieux fait de me casser la cheville avant d’y arriver. J’étais la petite naïve dont tout le monde se foutait, j’étais facilement manipulable, donc forcément… Et il faut dire que j’ai jamais été très douée avec ce genre de sentiment, je manque de confiance en moi et en plus de ça je suis extrêmement maladroite, subtil mélange n’est-ce pas ? Et pourtant si ma vie n’a pas toujours été un conte de fée sans tâches, je ne suis pas si malheureuse que ça, même si aujourd’hui je suis quelque part vidée, il me reste ma mère et mon frère pour qui je donnerais tout. Ils sont tout ce qu’il me reste, c’est un peu mes rayons de soleil quand il n’y a que de la pluie. Ma source de chaleur au milieu du froid glaciale. Et tant d’autres métaphores sympathiques qui décriraient à quel point je ne suis rien sans eux.

Quasiment un an que nous sommes ici, et il est difficile encore pour moi de m’habituer à cette nouvelle vie, pas dans un sens soucis de langue étant parfaitement bilingue. Mais il faut dire que ma paranoïa me bouffe la vie. Et le pire pour une parano comme moi c’est de travailler dans une boutique de vêtement dans une galerie… Je détaille chaque personne qui entre, ayant l’impression que chacun d’entre eux vient armer pour me tuer, comme ils l’ont fait avec mon père. Imaginez les crises de paniques qui en découle, mais je ne parle pas de ça à mes proches parce qu’on a besoin de ce travail pour vivre, on est passé de tout à quasiment rien en une fraction de seconde. Il fallait qu’on se refasse pour vivre correctement. Mais mon boulot de vendeuse n’est pas la seule chose qui me permet de faire vivre ma famille même si je ne suis pas la seule à mettre du cœur à l’ouvrage pour faire en sorte que l’on s’en sorte. Escort-girl, je ne suis pas très fière de ce ça. C’est sûrement pour ça que la chair de ma chair n’est même pas au courant de cette petite activité supplémentaire. Romane-Aurore, voilà comment me connaisse aussi certains, parce qu’il était bien entendu que je n’utiliserais jamais mon vrai prénom, c’est déjà bien trop humiliant. Si le but est à la base seulement d’accompagner ces messieurs dans où ils veulent seulement pour faire bonne figure, il y a une facette du métier qui est parfois tout à fait différente si on aligne les billets.