« Tu aurais du m’appeler à la minute où elle a débarqué à ta porte ! » Il aurait du, peut-être, mais il n’en avait pas eu envie. Daeryssa avait également insisté pour qu’il ne le fasse pas, alors non, il ne l’avait pas fait et aux dernières nouvelles, elle n’était toujours pas habilité à lui dire ce qu’il devait faire. « Tu aurais du éviter de t’envoyer en l’air avec le voisin. » Il lui lança un regard froid, comme à chaque fois qu’il la voyait. Jamais il ne saurait lui pardonner ce qu’elle avait fait, parce qu’il lui en voulait bien sûr et qu’un adultère n’était pas la chose la plus difficile à digérer, mais surtout parce qu’elle lui avait reproché de ne pas être assez présent pour elle, au moment où il s’occupait des funérailles de son fils. Elle avait de toute évidence choisi le mauvais moment pour décider de se taper le premier venu et surtout pour lui faire des reproches en essayant de se trouver des excuses bidons. Son portable vibra sur la table, il le regarda mais le reposa rapidement. Azra-Jane. Ce n’était pas le moment idéal pour lui répondre. Ce ne serait plus jamais le moment idéal pour lui répondre. Ils avaient été trop loin. Il avait juste voulu l’aider mais il n’avait pas agit de la bonne façon. Il l’avait laissé s’enfoncer dans ses problèmes au lieu de lui dire de laisser définitivement tomber. Ils avaient été trop loin parce qu’ils s’étaient embrassés, or elle était son étudiante, elle était beaucoup plus jeune que lui et une relation de la sorte pourrait lui couter son boulot. Encore. Delwyn ou, l’homme qui sacrifie tout ses emplois pour les beaux yeux des femmes mais qui de toute évidence, n’arrive pas non plus à garder les femmes. C’était plus sage que jamais les choses n’aillent plus loin avec Azra, pourtant il n’arrivait pas à être indifférent à ce nom qui s’affichait sur l’écran de son portable, encore et encore. « Ce n’est pas le moment de remettre ça sur le tapis. C’est de ma fille que l’on parle, ma fille qui a abandonné ses études et qui s’est enfuie à l’autre bout du pays alors que j’étais morte d’inquiétude pendant que toi tu savais exactement où elle était ! » Ce ne serait jamais le moment de reparler de ça selon elle, il le savait pertinemment. Il haussa légèrement les épaules. « Peut-être que si tu étais moins sur son dos, elle n’aurait pas eu besoin de s’enfuir pour se sentir libre. » Elle lui lança un regard noir, bien plus agressif que ceux qu’il avait pu voir sur son visage jusqu’à présent et pourtant ils avaient été ensemble pendant de nombreuses années. « Alors quoi ? Je devrais être une mère absente ? Agir avec mes enfants comme tu le fais avec les tiens ? Désolée mais je n’ai pas envie d’enterrer ma fille. » Il sentit chacun de ses muscles se crisper, il n’avait pas particulièrement envie d’être ce type agressif capable de frapper une fille, mais il en mourrait d’envie. Il devait pourtant se contrôler. Une nouvelle fois, le portable vibra sur la table. Une nouvelle fois, il regarda le nom avant d’ignorer l’appel. Toujours Azra. « Ne joue pas à ça. » Et encore une fois les vibrations du téléphones se firent entendre, cette fois encore il les ignora. « Sors de chez-moi, va retrouver tes amants, ils sont sans doute les seuls fous qui arrivent à te supporter, apparemment même ta fille en a suffisamment marre de toi pour se tourner vers moi. » Et toujours ce maudit portable qui vibrait, titillant lentement mais sûrement leurs nerfs à tous les deux. Rageusement elle s’empara du portable pour à son tour observer le nom du le portable. « Mes amants ? Et toi ? Dix appels en absence, ça veut tout dire ! » Il se pencha pour lui arracher le portable des mains. Qu’elle se mêle de ses oignons au lieu de juger des choses dont elle ne savait absolument rien. « C’est une de mes étudiantes ! » Elle n’était que ça, il essayait de s’en persuader lui-même, essayant au passage d’oublier l’épisode du baiser. Elle le regarda d’un air outré. « Une étudiante, tu fais dans la pédophilie maintenant ?! » Il leva les yeux au ciel, considérablement énervé. S’il avait été un connard, il se serait bien lever pour lui en coller une, elle avait suffisamment joué de sa patience pour le mériter. Mais un homme qui frappe une femme c’était toujours mal vu, alors qu’une femme qui colle une baigne à un homme, ça ne choc personne. L’égalité des sexes parfois. « Elle est majeur et ce n’est que mon étudiante ! » Nouvelle tentative pour s’en convaincre. Elle n’était que son étudiante, jamais elle ne serait plus, c’était interdit, même si elle était majeure. C’était débile d’ailleurs, ça ne faisait de mal à personne, enfin les règles étaient faites ainsi. « Je n’ai jamais appelé aucun de mes profs autant de fois. En fait, je n’avais même pas leurs  numéros. Tu as le numéro de tous tes étudiants ? » Il laissa échapper un long soupire. Il n’avait aucun compte à lui rendre alors pourquoi continuer à lui répondre ? C’était débile et inutile, mais il le devait, ce n’était pas à elle qu’il fournissait des explications mais bel et bien à lui. « Bien-sûr que non. C’est compliqué, elle a eu des problèmes je l’ai aidée. Peut-être qu’elle m’appelle pour me remercier, il y a encore des gens aimable dans ce monde. » Non, elle ne l’appelait certainement pas pour ça, il ne l’avait pas vraiment aidée, mais là n’était pas la question. Il continuerait à l’ignorer, ici comme à l’université, parce qu’elle n’était que son étudiante. « Tu ferais mieux de ne pas toucher à ma fille ! » Il leva les yeux au ciel, là ça en été trop, elle avait définitivement dépassé les limites. « Tu sais quoi ? Tes problèmes avec ta fille, tu les règleras avec ta fille ! Remet toi en question cinq minutes avant de venir chez moi me faire les pires reproches au monde, simplement parce que j’aide ta fille là où tu as échoué ! Maintenant, sort de chez moi. » Il lui lança un énième regard noir, lui suggérant vivement de ne pas l’obliger à le lui demander une nouvelle fois. Elle se leva de sa chaise avant de se diriger vers la sortie « Daeryssa rentrera avec moi dès que je l’aurais raisonnée et on ne viendra plus jamais t’importuner !  » Daeryssa, elle pouvait revenir quand elle voulait, ça ne le gênait pas, elle par contre, s’il pouvait ne plus jamais la revoir, ce serait parfait « Si tu veux, enfin, Daeryssa aura toujours sa place chez moi, si elle le veut, toi par contre casse toi d’ici et vite. » Il s’était levé pour faire quelques pas vers elle, laissant cependant une bonne distance entre eux deux, la colère pouvait pousser le plus raisonnable des hommes à faire des folies et vu comment il avait envie de la frapper juste pour qu’elle ferme enfin sa grande gueule, il valait mieux qu’il reste loin d’elle. « Méfie toi où je te colle un procès pour éviter que tu t’approche de ma fille, après tout mieux vaut faire en sorte qu’une jeune fille de vingt ans  soit maintenue à distance d’un gars qui se tape des gamines à peine plus âgées que ça ! » Elle ne savait même pas de quoi elle parlait. Il n’avait pas couché avec Azra et elle était majeure nom de dieu, pour couronner le tout il n’avait aucun lien de parenté, Daeryssa était sa belle-fille quand même, même s’il n’y avait pas de lien de sang, c’était impensable, c’était elle qui avait un esprit bien tordu pour imaginer des trucs pareils. Sans qu’il n’ait le temps de répliquer, elle quitta l’appartement en en claquant la porte avec force. Rapidement le calme se réinstalla dans la pièce, avant que son portable ne vibre à nouveau. Ce dernier ne tarda pas à se taire cependant, une fois qu’il eu traversé la pièce en volant pour venir s’écraser contre le mur d’en face. Dans cet état au moins, il n’aurait plus à ignorer ses appels, il ne les recevrait même plus.